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" Time is brain ", disent parfois les spécialistes de l'accident vasculaire cérébral (AVC). Une personne victime d'un AVC peut en effet perdre potentiellement jusqu'à deux millions de neurones par minute. Donc, au plus vite le patient est pris en charge, au mieux on parvient à limiter les séquelles.Sachant que la rapidité peut faire la différence entre rétablissement complet, invalidité permanente ou mort, le Pr Raf Brouns, chef du service de neurologie à l'UZ Brussel, l'hôpital universitaire de la VUB, a entamé, en septembre 2014, une étude clinique afin d'évaluer l'efficacité d'un système de télémédecine dans l'ambulance. Il avait compris qu'avec la technologie actuelle, il est possible de réaliser tout une série d'actions en pré-hospitalier, dans l'ambulance même.Dans le cadre de cette expérience pilote, l'UZ Brussel a donc équipé une ambulance PIT (Paramedical Intervention Team) d'un système innovant de télémédecine. Ce système utilise une connexion internet mobile très rapide et de bonne qualité, via la 4G, et un ordinateur à Webcam connecté à une plateforme. De cette façon, le patient, qui est transporté en urgence, et un neurologue de garde, spécialiste des AVC, peuvent se voir et s'entendre à distance.Concrètement, durant le trajet dans l'ambulance (en moyenne six minutes), la personne victime d'un AVC est face à un écran, sur lequel apparaît le médecin qui l'observe et lui pose les questions spécifiques habituelles dans le but de déterminer la gravité de son état et d'établir un premier diagnostic. Dès que ce diagnostic est posé, on peut tout de suite enclencher une " chaîne " à l'intérieur de l'hôpital pour préparer l'admission du patient, libérer le scanner, et déjà élaborer le traitement.Début 2015, une première évaluation de ce système utilisable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 s'est révélée tout à fait positive. " Il est encore trop tôt pour affirmer que le pronostic d'un patient traité de cette manière est meilleur, mais nous pouvons déjà dire que la méthode est bien acceptée par les patients, les médecins urgentistes, les infirmier(e)s et les spécialistes des AVC ", commentait alors Raf Brouns. " De plus, les communications fonctionnent bien, la connexion par la 4G est stable et de qualité suffisante pour une image et un son sans coupures, et surtout le gain de temps peut atteindre vingt minutes, ce qui est considérable. "Considérant qu'une telle approche tient la route financièrement - tout compris l'installation coûterait moins de 25 000 euros - car elle permet d'éviter des handicaps aux coûts humain et financier très élevés pour la société, le Pr Brouns a alors décidé de poursuivre ce projet et de l'étendre à d'autres hôpitaux, via la création d'une spin-off de la VUB et de l'UZ Brussel.C'est ainsi que la société Zebra Academy a vu le jour en février 2015, tandis que l'hôpital Erasme, les cliniques universitaires Saint-Luc et l'UZ Antwerpen se sont joints au processus." Récemment, avec les quatre hôpitaux concernés, nous avons soumis un projet dans le cadre du Plan d'action e-santé de Maggie De Block. Il a été accepté par l'Inami et la ministre de la Santé ",précise Bastien Ritzen, CEO et cofondateur de Zebra Academy." La mise en route devrait se faire dans les prochains jours pour une durée de 6 mois pendant lesquels quatre ambulances, une par hôpital, vont fonctionner. L'idée est de tester un schéma de remboursement pour la télémédecine ambulancière, de voir si nous obtenons les gains escomptés, et de parvenir à mettre en place un cadre légal pour la télémédecine en Belgique. Une évaluation sera faite début 2018 pour l'ensemble des projets du Plan d'action. "Parallèlement, Bastien Ritzen démarche d'autres établissements hospitaliers pour leur proposer sa solution de télémédecine ambulancière. Une solution qu'il aimerait étendre à certaines autres urgences, cardiaques par exemple...