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Les chercheurs du département de Biologie, emmenés par Jolien Van Houcke, démontrent qu'un traitement court combinant deux molécules connues (dasatinib et quercétine) peut non seulement rajeunir les cerveaux de certains poissons (killis), mais également les protéger contre de futures maladies ou lésions. La découverte est publiée en ligne dans la revue NPJ Regenerative Medicine.Le killi (N. furzeri) est un petit poisson africain aux reflets turquoises, qui vit dans des mares d'eau de pluie. L'animal ne dispose que de quelques mois pour grandir et se reproduire. Tout son développement s'en trouve dès lors accéléré, de sa croissance à sa maturité sexuelle, et bien sûr à son vieillissement. Ce cycle de vie, en quatre à six mois, est le plus rapide de tous les organismes vertébrés connus. Le processus de vieillissement du killi ressemble en outre à celui de l'homme, avec un phénomène neurodégénératif, une perte d'acuité cognitive et visuelle, et un épuisement des cellules souches. D'où l'intérêt des scientifiques.Les chercheurs louvanistes se sont penchés sur les mécanismes sous-jacents à l'origine de la faible capacité de réparation des cellules cérébrales chez le killi. Ils ont découvert que son cerveau était sujet à une "sénescence cellulaire" : des cellules cérébrales malades ou âgées, présentes en nombre, sécrètent des substances nocives qui empêchent le fonctionnement normal et la récupération des cellules cérébrales environnantes. "Nos résultats montrent que l'ensemble du télencéphale du killi âgé contient un très grand nombre de cellules sénescentes, y compris le parenchyme et les niches neurogéniques. Nous avons pu le confirmer avec une coloration spécifique qui nous a permis de visualiser ces cellules", explique Jolien Van Houcke. "La différence entre les cerveaux jeunes et âgés était énorme, le cerveau âgé montrant une grande quantité de cellules malades et vieillissantes."Dans le cadre de cette étude, pour la première fois, une combinaison de dasatinib et quercétine a été administrée aux poissons, pendant une semaine. "Même avec un traitement court et administré à un âge très avancé, nous avons pu éliminer 30% des cellules sénescentes, de sorte que moins de substances nocives se sont propagées dans le cerveau", poursuit Jolien Van Houcke. "Nous n'avons pas seulement rajeuni le cerveau : sa capacité de récupération a aussi été améliorée: les poissons âgés possédaient plus de cellules souches en division après le traitement, qui pouvaient se transformer en nouvelles cellules nerveuses, ce qui est nécessaire à la réparation du cerveau après une lésion ou à cause dune maladie."L'usage de ces molécules est approuvé chez l'être humain pour le traitement de pathologies causées par des cellules "vieillissantes", dans d'autres organes que le cerveau, telles que des lésions rénales chez des patients diabétiques. L'étude de la KU Leuven confirme qu'une combinaison de ces molécules (D+Q) pourrait également apporter une solution aux maladies liées au vieillissement cérébral, comme dans le cas de patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson. Avec Belga