Dafnoussa, en plein coeur de l'île d'Eubée. Ce matin de février, le climat rude et le brouillard épais qui dessinent le contour des vallées dépeignent ensemble une atmosphère digne des longs métrages du réalisateur grec Theo Angelopoulos. C'est là, juché sur un flanc de colline, que l'on découvre le dispensaire du village. Une bâtisse décrépite qui ne laisse que peu de doutes sur son contenu : un couloir d'attente rudimentaire, et une pièce de 10 mètres carrés, dépourvue d'équipement médical. Nous y attendent le Dr Skoumpri, médecin généraliste grecque, deux infirmières, et quelques patientes âgées. La lumière est absente, et en guise de chauffage, deux petits radiateurs électriques se dressent au centre de la pièce. Theodore Pleros, médecin généraliste à Bruxelles et instigateur de cette mission, se tourne vers moi et me dit : "Tu comprends pourquoi cette mission a un sens, maintenant ?" Cette scène résume à elle seule l'utilité de l'aide médicale en Grèce, mais également son urgence.