Belle petite exposition à la cité miroir de liège qui présente une collection de masques prêtée pour l'occasion par le musée du Quai Branly.
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Joliment mis en scène, dans une sorte de grand catafalque, où quatre espaces circulaires présentent des pièces venues des quatre continents non européens.Des masques qui selon les civilisations et les sociétés ont trait au théâtre, jouent le rôle de modérateurs dans les conflits, intercèdent auprès des ancêtres ou des divinités, voire endossent parfois le rôle de policier ou de juge.Dans le cas de l'Asie, c'est le théâtre qui domine avec, dans une pénombre propice au respect ou au recueillement qui baigne l'ensemble de l'expo, des masques chinois monstrueux et impressionnants Nuo et Dixi de la province de Guizhou, ceux anthropomorphes et réalistes, bien que grotesques, du no japonais : ils représentent des hommes, des femmes, d'esprits, de démons ou des vieillards. Aux antipodes des masques de dragons superbement ouvragés des populations Kinh du Vietnam.Toujours dans ces premières vitrines, le raffinement des masques népalais tranche avec la simplicité épurée du théâtre coréen, comme ceux d'une simplicité quasi cubiste des régions himalayennes. Une même épure concerne les masques chamaniques des populations yup'ik d'Alaska, lesquels contrastent avec celui d'aigle Makah (Iroquois), splendide et très réaliste.Dans cette partie américaine qui situe le Groenland en Amérique (ah bon ? ), l'épure des masques mexicains précolombiens étonne en comparaison de ceux de carnaval actuels, notamment un énorme et très ressemblant masque de jaguar.En Océanie, le rapport aux anciens semble essentiel, dans une section où prédomine également l'Indonésie : à côté d'un grand masque sophistiqué udoq Bahau-Busang, des masques de théâtres javanais moins spectaculaires, beaucoup moins en tout cas que ceux se référant à l'esprit des ancêtres des Sepik de Nouvelle-Guinée ; abstraits, mais énormes. La vannerie Abelam, toujours dans la région du fleuve Sepik, célèbre elle la nouvelle récolte dont les masques sont faits. Mis côté à côte, un imposant masque d'initiation Baïning (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et un masque de deuil de chef, à l'allure féroce et d'origine kanake.En Afrique enfin, le masque a une fonction médiatrice, d'intersession dans les conflits ou entre l'humain et le surnaturel. Des masques de l'entre-deux, mi-animal mi-humain comme ce masque cornu Mandé du Mali ou grimaçant janus Igbo du Nigéria. Des masques qui représentent les animaux sauvages et donc celui de la savane comme celui une fois encore anthropozoomorphe Sénoufo de la Côte d'Ivoire. Plus rare, un masque heaume féminin Mendé de Sierra Leone.Parfois le côté imposant du masque lui donne des allures de totem comme dans le cas de celui Bobo Oule du Burkina Faso.Le périple court, mais éloquent se conclut sur des masques du Congo qui évoquent une fois encore le cubisme qui s'est beaucoup inspiré des arts premiers : le masque Songyé semble d'ailleurs réalisé par un sculpteur de ce mouvement, tandis que celui Igbo du Nigéria, parait appartenir à une abstraction géométrique et colorée.L'art moderne tombe enfin le masque!