"Si la population appliquait les conseils en matière de prévention des cancers, on pourrait réduire l'occurrence de ceux-ci de près de 40%", soutient Benoît Koerperich. Le directeur général de la Fondation contre le cancer revient sur les actions menées durant la pandémie par cette organisation nationale.
LLe journal du Médecin: Durant la crise sanitaire, de nombreux examens et traitements en oncologie ont dû être postposés. Quelles actions la Fondation contre le Cancer a-t-elle prise par rapport à cette situation particulière?
Benoît Koerperich: Nous avons surtout fait un exercice de communication à ce sujet vers les patients et les autorités. Par rapport à ce climat relativement anxiogène, nous avons rappelé régulièrement à la population l'importance du dépistage. Par exemple, nous avons encore mené une campagne en mars pour sensibiliser au dépistage du cancer colorectal.
Nous avons alerté les autorités en soulignant que reporter une série d'actions aura des conséquences sur la santé. A court terme, des personnes qui n'auront pas été dépistées ou traitées à temps risquent de développer des cancers, de devoir subir des traitements plus lourds que ceux dont ils auraient pu bénéficier dans des circonstances normales ou d'être condamnées. Les pouvoirs publics ont été à l'écoute de nos demandes, mais ils étaient également fortement focalisés sur cette crise du Covid. Malheureusement, la prise en charge des cancers ne peut pas attendre et, rappelons-le, le cancer est la deuxième cause de mortalité en Belgique.
Certaines pathologies oncologiques ont-elles été davantage aggravées par l'allongement des délais de prise en charge?
Nous n'avons pas encore de statistiques à ce sujet. Dans des circonstances normales, certains cancers se soignent nettement mieux que d'autres. Par exemple, aujourd'hui, les chances de s'en sortir lorsqu'on a un cancer du pancréas sont encore relativement minces. En Belgique, chaque année, 70.000 cancers sont déclarés. Nous regarderons attentivement le nombre de cas constatés en 2020 et 2021 et la proportion des différents types de cancer. Le vrai problème viendra des problèmes qui ont été identifiés comme relativement bénins au départ, mais n'ont pas été traités à temps et se sont dégradés.
Connexion avec le terrain
Durant la pandémie, des oncologues ont-ils alerté la Fondation contre le cancer sur la situation difficile qu'ils vivaient sur le terrain?
Nous entretenons des relations privilégiées avec tous les hôpitaux de Belgique, entre autres, parce que la moitié des dons que nous recevons est consacrée à la recherche scientifique. Sur le terrain, des coordinateurs régionaux font le lien entre les organisations de patients, les hôpitaux et la fondation. Nous servons de caisse de résonance aux messages que nous recevons de la part du terrain. Souvent, nous prenons l'initiative d'alerter les autorités sur base des informations récoltées auprès des médecins. Le cas échéant, nous appuyons notre communication en donnant la parole à une personnalité du monde de la recherche ou de la thérapie clinique.
Wébinaires interactifs
Comment la fondation informe-t-elle les patients et le corps médical des dernières avancées thérapeutiques en oncologie?
Notre rôle ne sera jamais de se substituer aux médecins. Notre équipe de direction médicale, composée de trois personnes, suit de très près le développement de nouveaux traitements. Depuis 30 ans, nous soutenons via des "grants" la recherche scientifique en Belgique. Durant cette période, plus de 200 millions d'euros ont été investis dans cette recherche. La fondation a été pionnière dans de nombreux domaines, dont l'immunothérapie.
Nous envoyons aux patients et aux donateurs des courriers, relativement vulgarisés, sur les avancées médicales. Notre objectif n'est évidemment pas de rendre par ce vecteur un conseil thérapeutique ou de recommander un hôpital ou un praticien. Notre rôle est plutôt de guider le patient parce que la prise en charge d'un cancer est un long cheminement. Nous soutenons financièrement certains patients pour lesquels des interventions ne sont pas remboursées ou insuffisamment, par exemple, en onco-esthétique après des traitements lourds. La fondation organise également des wébinaires baptisés les "rendez-vous de la science" durant lesquels un expert aborde une thématique relativement large, par exemple, le cancer de la peau. Ces conférences sont suivies par plusieurs centaines d'internautes, qui peuvent poser des questions. Notre objectif est de véritablement répondre de façon scientifique aux préoccupations des gens.
Nous sensibilisons également nos 200.000 donateurs aux avancées grâce à des magazines et des brochures. Rappelons que les fonds publics attribués à la recherche ont fortement diminué ces dernières années en Belgique et que le relais a été pris par des organisations comme la Fondation contre le cancer.
La fondation, qui fêtera son centenaire en 2024, a-t-elle de nouveaux projets?
Chaque année, la fondation grandit un peu. Nous continuons de poursuivre trois missions: le soutien à la recherche ; le soutien et l'accompagnement des patients, de leurs proches et des organisations de patients ; et la prévention, dont le dépistage, à tous les niveaux. La fondation veut rester indépendante sur les plans financier, politique et scientifique. Nous ne percevons pas d'argent de la part des autorités, à part pour le financement de l'arrêt tabacologique. Nous devons conserver une cohérence dans les missions que nous remplissons. Nous allons dans les années à venir nous adapter à la digitalisation de la société. La génétique et les aspects héréditaires du cancer seront aussi au centre de nos préoccupations.
LLe journal du Médecin: Durant la crise sanitaire, de nombreux examens et traitements en oncologie ont dû être postposés. Quelles actions la Fondation contre le Cancer a-t-elle prise par rapport à cette situation particulière? Benoît Koerperich: Nous avons surtout fait un exercice de communication à ce sujet vers les patients et les autorités. Par rapport à ce climat relativement anxiogène, nous avons rappelé régulièrement à la population l'importance du dépistage. Par exemple, nous avons encore mené une campagne en mars pour sensibiliser au dépistage du cancer colorectal. Nous avons alerté les autorités en soulignant que reporter une série d'actions aura des conséquences sur la santé. A court terme, des personnes qui n'auront pas été dépistées ou traitées à temps risquent de développer des cancers, de devoir subir des traitements plus lourds que ceux dont ils auraient pu bénéficier dans des circonstances normales ou d'être condamnées. Les pouvoirs publics ont été à l'écoute de nos demandes, mais ils étaient également fortement focalisés sur cette crise du Covid. Malheureusement, la prise en charge des cancers ne peut pas attendre et, rappelons-le, le cancer est la deuxième cause de mortalité en Belgique. Certaines pathologies oncologiques ont-elles été davantage aggravées par l'allongement des délais de prise en charge? Nous n'avons pas encore de statistiques à ce sujet. Dans des circonstances normales, certains cancers se soignent nettement mieux que d'autres. Par exemple, aujourd'hui, les chances de s'en sortir lorsqu'on a un cancer du pancréas sont encore relativement minces. En Belgique, chaque année, 70.000 cancers sont déclarés. Nous regarderons attentivement le nombre de cas constatés en 2020 et 2021 et la proportion des différents types de cancer. Le vrai problème viendra des problèmes qui ont été identifiés comme relativement bénins au départ, mais n'ont pas été traités à temps et se sont dégradés. Durant la pandémie, des oncologues ont-ils alerté la Fondation contre le cancer sur la situation difficile qu'ils vivaient sur le terrain? Nous entretenons des relations privilégiées avec tous les hôpitaux de Belgique, entre autres, parce que la moitié des dons que nous recevons est consacrée à la recherche scientifique. Sur le terrain, des coordinateurs régionaux font le lien entre les organisations de patients, les hôpitaux et la fondation. Nous servons de caisse de résonance aux messages que nous recevons de la part du terrain. Souvent, nous prenons l'initiative d'alerter les autorités sur base des informations récoltées auprès des médecins. Le cas échéant, nous appuyons notre communication en donnant la parole à une personnalité du monde de la recherche ou de la thérapie clinique. Comment la fondation informe-t-elle les patients et le corps médical des dernières avancées thérapeutiques en oncologie? Notre rôle ne sera jamais de se substituer aux médecins. Notre équipe de direction médicale, composée de trois personnes, suit de très près le développement de nouveaux traitements. Depuis 30 ans, nous soutenons via des "grants" la recherche scientifique en Belgique. Durant cette période, plus de 200 millions d'euros ont été investis dans cette recherche. La fondation a été pionnière dans de nombreux domaines, dont l'immunothérapie. Nous envoyons aux patients et aux donateurs des courriers, relativement vulgarisés, sur les avancées médicales. Notre objectif n'est évidemment pas de rendre par ce vecteur un conseil thérapeutique ou de recommander un hôpital ou un praticien. Notre rôle est plutôt de guider le patient parce que la prise en charge d'un cancer est un long cheminement. Nous soutenons financièrement certains patients pour lesquels des interventions ne sont pas remboursées ou insuffisamment, par exemple, en onco-esthétique après des traitements lourds. La fondation organise également des wébinaires baptisés les "rendez-vous de la science" durant lesquels un expert aborde une thématique relativement large, par exemple, le cancer de la peau. Ces conférences sont suivies par plusieurs centaines d'internautes, qui peuvent poser des questions. Notre objectif est de véritablement répondre de façon scientifique aux préoccupations des gens. Nous sensibilisons également nos 200.000 donateurs aux avancées grâce à des magazines et des brochures. Rappelons que les fonds publics attribués à la recherche ont fortement diminué ces dernières années en Belgique et que le relais a été pris par des organisations comme la Fondation contre le cancer. La fondation, qui fêtera son centenaire en 2024, a-t-elle de nouveaux projets? Chaque année, la fondation grandit un peu. Nous continuons de poursuivre trois missions: le soutien à la recherche ; le soutien et l'accompagnement des patients, de leurs proches et des organisations de patients ; et la prévention, dont le dépistage, à tous les niveaux. La fondation veut rester indépendante sur les plans financier, politique et scientifique. Nous ne percevons pas d'argent de la part des autorités, à part pour le financement de l'arrêt tabacologique. Nous devons conserver une cohérence dans les missions que nous remplissons. Nous allons dans les années à venir nous adapter à la digitalisation de la société. La génétique et les aspects héréditaires du cancer seront aussi au centre de nos préoccupations.