Dans un rapport récent, l'OCDE a examiné, parmi ses nombreux membres, dont la Belgique, le développement presque exponentiel de la télémédecine durant la crise covid. L'institution basée à Paris s'est interrogée sur l'indice de satisfaction auprès notamment des médecins mais aussi sur la pérennité de cette "médecine virtuelle". Le moins qu'on puisse dire est qu'elle a de l'avenir. Même si elle ne remplace pas le contact tactile.
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Au début de l'année 2020, alors que les pays étaient aux prises avec l'énorme incertitude entourant la propagation du coronavirus dit "SARS-CoV-2", de nombreux services de santé "en personne" ont été reportés ou tout simplement annulés, "entraînant des perturbations massives dans la prestation des services de santé essentiels, avec des conséquences qui persistent aujourd'hui", pointe l'OCDE. Le nombre de téléconsultations a explosé au cours des premiers mois de la pandémie, compensant en partie la réduction des services de soins en personne, et jouant un rôle essentiel dans le maintien de l'accès aux soins et de leur continuité en 2020. "Sans les téléconsultations, dans neuf pays de l'OCDE, les consultations de médecins auraient baissé en moyenne de 14% en 2020, alors qu'elles n'ont en fait baissé que de 3%. Dans neuf pays de l'OCDE pour lesquels des données sont disponibles, les téléconsultations de médecins ont représenté 21% de l'ensemble des consultations de médecins en 2020, contre 11% en 2019." L'Australie, l'Autriche, le Canada, le Costa Rica, la République tchèque, la Finlande, l'Irlande, Israël, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Portugal, l'Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont tous intensifié la télésanté pour maintenir l'accès aux services de soins de santé primaires et améliorer la coordination des soins. "En Norvège, le nombre de téléconsultations a été multiplié par plus de dix, passant d'environ 43.000 en janvier 2020 à plus de 470.000 en mars 2020. En Angleterre, le nombre de téléconsultations a presque doublé de février à mars 2020 et a encore augmenté dans les mois suivant mars pour atteindre presque trois fois le nombre de téléconsultations de janvier 2020." En février/mars 2021, une moyenne de 45,3% des adultes interrogés par Eurofound ont déclaré avoir eu une consultation médicale en ligne ou par téléphone depuis le début de la pandémie. Les proportions en février/mars 2021 variaient de 23,2% en France à 71,6% en Espagne. Au Canada, 47% des personnes interrogées ont déclaré avoir utilisé des services de télésanté pour recevoir des conseils d'un médecin depuis le début de la pandémie en mai 2020. "En Norvège, les téléconsultations de médecins ont augmenté de 700%, compensant une baisse de 15,9% des consultations de médecins en personne et entraînant une augmentation de 2,3% du nombre total de consultations de médecins. À Reykjavik, en Islande, le recours aux consultations en ligne a augmenté de 213% et les consultations par téléphone de 93%, tandis que les visites au cabinet médical ont diminué de 41%, ce qui a entraîné une augmentation globale de 45% du nombre total de consultations dans les centres de soins de santé primaires et les services en-dehors des heures de travail. En Allemagne, le nombre de patients bénéficiant de services de psychothérapie en personne avait chuté de 18% à la fin de la fermeture de covid-19, mais cette baisse a été entièrement compensée par les services de psychothérapie à distance, ce qui a entraîné une augmentation globale de 12% du nombre de patients traités." Mais du point de vue des systèmes de santé, il n'est pas certain que l'essor de la télémédecine pendant la pandémie ait représenté un bon rapport qualité-prix. "L'une des principales incertitudes sous-jacentes est de savoir si les services de télémédecine remplacent ou complètent les soins en personne. D'une part, les services de télémédecine réduisent le recours ultérieur (et plus coûteux) aux soins de santé et diminuent la probabilité que les patients manquent leurs rendez-vous ou décident de renoncer aux soins. D'autre part, les téléconsultations peuvent conduire à des soins en personne ultérieurs (faisant double emploi) et, dans le cadre de certains systèmes de paiement des prestataires, à des dépenses plus élevées sans valeur ajoutée pour les systèmes de santé et les patients."