Malgré toutes les précautions prises par le Comité consultatif de bioéthique (CCB) (lire notre dossier dans le jdM n°2758), dont le but louable est d'encadre la GPA, porter pendant neuf mois l'enfant d'une autre et qui est supposé vous quitter "dans les 24 heures" après l'accouchement pour rejoindre les parents d'adoption n'est pas anodin. On sait que des liens se créent in utero ; le compagnon/compagne ou l'éventuel mari/épouse de la mère porteuse a des attentions même si l'enfant ne restera pas au foyer. Les éventuels enfants de la mère porteuse, comment vont-ils réagir à son départ ? Comment les y préparer ?

Bien sûr, il n'y a pas en Belgique, de "commercialisation des ventres" comme dans certains pays, y compris aux Etats-Unis, où le "service rendu" coûte environ 30.000 euros. Cependant, même en Belgique, le risque de complications, d'éventuelles séquelles post-partum doivent être couvertes par des assurances. Il y a donc une monétisation inévitable. Des progressistes telles que Vivian Teitelbaum (MR), présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique, "condamne la pratique de la gestation pour autrui qui porte atteinte à la dignité des femmes, dont le corps et les fonctions reproductives sont utilisés comme des marchandises"[1].

La question du refus in extremis de la "parturiente" de céder l'enfant ou de le garder pose également problème juridiquement. Le CCB semble privilégier la "sécurité juridique" pour les deux parties alors que, bien entendu, l'inverse (que les parents d'adoption décident finalement de ne pas réceptionner) semble difficilement concevable.

Faut-il pour autant couper totalement les ponts avec la mère qui a porté l'enfant ? Marc-Olivier Fogiel, dans un livre touchant[2] sur sa propre expérience avec son mari, semble penser que non, lui qui a eu deux filles par GPA et qui s'est lié d'amitié avec leur "mère" américaine...

Bien sûr, il y a le bon côté de cette technique : le bonheur des parents d'adoption, quelle que soit leur origine ou leur orientation sexuelle, d'avoir un enfant à eux (selon qu'ils ont prêté leurs gamètes ou non) : on pense notamment à des femmes qui ont perdu leur utérus et dont l'enfant a été porté par leur soeur...

Mais l'évolution ultra-rapide des moeurs depuis le premier bébé éprouvette, Louise Brown, en 1982, donne le tournis. Qu'en sera-t-il lors de l'avènement inévitable de l'utérus artificiel ? Que penser des hommes trans enceints ? Il ne faut pas forcément être réactionnaire pour avoir l'impression de vivre dans Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley...

[1] https://www.levif.be/societe/sante/gestation-pour-autrui-on-nencadre-pas-une-mauvaise-pratique-on-la-combat/

[2] "Qu'est-ce qu'elle a ma famille ?", Grasset, 2018, EAN : 9782246816836.

Malgré toutes les précautions prises par le Comité consultatif de bioéthique (CCB) (lire notre dossier dans le jdM n°2758), dont le but louable est d'encadre la GPA, porter pendant neuf mois l'enfant d'une autre et qui est supposé vous quitter "dans les 24 heures" après l'accouchement pour rejoindre les parents d'adoption n'est pas anodin. On sait que des liens se créent in utero ; le compagnon/compagne ou l'éventuel mari/épouse de la mère porteuse a des attentions même si l'enfant ne restera pas au foyer. Les éventuels enfants de la mère porteuse, comment vont-ils réagir à son départ ? Comment les y préparer ?Bien sûr, il n'y a pas en Belgique, de "commercialisation des ventres" comme dans certains pays, y compris aux Etats-Unis, où le "service rendu" coûte environ 30.000 euros. Cependant, même en Belgique, le risque de complications, d'éventuelles séquelles post-partum doivent être couvertes par des assurances. Il y a donc une monétisation inévitable. Des progressistes telles que Vivian Teitelbaum (MR), présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique, "condamne la pratique de la gestation pour autrui qui porte atteinte à la dignité des femmes, dont le corps et les fonctions reproductives sont utilisés comme des marchandises"[1].La question du refus in extremis de la "parturiente" de céder l'enfant ou de le garder pose également problème juridiquement. Le CCB semble privilégier la "sécurité juridique" pour les deux parties alors que, bien entendu, l'inverse (que les parents d'adoption décident finalement de ne pas réceptionner) semble difficilement concevable. Faut-il pour autant couper totalement les ponts avec la mère qui a porté l'enfant ? Marc-Olivier Fogiel, dans un livre touchant[2] sur sa propre expérience avec son mari, semble penser que non, lui qui a eu deux filles par GPA et qui s'est lié d'amitié avec leur "mère" américaine...Bien sûr, il y a le bon côté de cette technique : le bonheur des parents d'adoption, quelle que soit leur origine ou leur orientation sexuelle, d'avoir un enfant à eux (selon qu'ils ont prêté leurs gamètes ou non) : on pense notamment à des femmes qui ont perdu leur utérus et dont l'enfant a été porté par leur soeur...Mais l'évolution ultra-rapide des moeurs depuis le premier bébé éprouvette, Louise Brown, en 1982, donne le tournis. Qu'en sera-t-il lors de l'avènement inévitable de l'utérus artificiel ? Que penser des hommes trans enceints ? Il ne faut pas forcément être réactionnaire pour avoir l'impression de vivre dans Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley...[1] https://www.levif.be/societe/sante/gestation-pour-autrui-on-nencadre-pas-une-mauvaise-pratique-on-la-combat/[2] "Qu'est-ce qu'elle a ma famille ?", Grasset, 2018, EAN : 9782246816836.