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Sur une échelle d'un à dix, 3% d'entre eux l'évaluent à entre zéro et quatre sur dix, 2% entre cinq à sept sur dix et 95% entre huit à dix sur dix (voir graphique ci-contre). "La première vague a eu un impact extrêmement important sur le fonctionnement des hôpitaux puisque nous avons dû du jour au lendemain arrêter une grande partie de notre activité, sauf l'activité urgente. En un week-end, au CHU de Liège, nous avons reporté plus de 100.000 consultations", témoigne Julien Compère, CEO de l'hôpital académique. "Nous ne nous attendions pas au mois de mars à vivre une si longue période de crise. D'habitude, un plan d'urgence hospitalier dure 24heures ou 48 heures. Les hôpitaux sont restés trois mois dans cette situation, du 13 mars à fin juin."Nous avons demandé aux gestionnaires hospitaliers ce qui a coincé durant cette période. Quels problèmes majeurs ont-ils rencontrés? Quels défis ont-ils dû relever? C'est clairement la pénurie de matériel de protection (masques, gants, vêtements) qui a perturbé le plus le bon fonctionnement des hôpitaux du mois de mars au mois de juin (voir graphique ci-dessous). Les directeurs généraux et médicaux pointent également, par ordre décroissant, dans les défis qu'ils ont dû relever: le manque de réactivité des autorités, le maintien des soins non-Covid pour les urgences et les prises en charge différées des patients, la création de nouvelles procédures et la séparation physique du flux des patients. Les avis des directions sont plus partagés sur la pénurie de médicaments pour les soins intensifs, le problème d'infrastructure pour agrandir la capacité des soins intensifs, le manque de personnel, l'absence du personnel hospitalier et son burn-out et la pénurie de respirateurs. On peut s'étonner que le manque de respirateurs ne fut pas lors de la première vague un des problèmes importants des hôpitaux alors que de nombreuses initiatives ont vu le jour à l'époque en Belgique pour fabriquer des respirateurs, entre autres en recyclant des masques de plongée de Decathlon. "Les problèmes révélés dans cette enquête sont une véritable photographie de la première vague: le manque de masque, la réactivité des autorités, les créations de nouvelles procédures, la séparation des flux patients... Dans la deuxième vague, ces éléments sont passés au second plan", commente Paul d'Otreppe, président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux (ABDH). "Au printemps, l'absentéisme dans les hôpitaux était réduit. Ce n'est plus le cas. La pénurie de personnel est un problème majeur actuellement. La situation hospitalière s'est très rapidement dégradée à partir de la mi-octobre. Comme la crise ne s'est pas vraiment arrêtée entre mars et octobre, une partie du personnel est épuisée. Nous manquons de bras.""Lors de la première vague, nous n'avions pas de masques. Pour la deuxième vague, nous n'avons pas assez de gens qui peuvent mettre des masques", confirme Julien Compère. "En mars, j'ai passé quinze jours à chercher des équipements de protection individuel (EPI). Au niveau du personnel, lors de la première vague, le personnel voulait être présent et participer. Le taux de contamination du personnel était faible en raison du confinement. Aujourd'hui, nous sommes tout à fait dans un autre scénario. L'EPI ne pose pas encore problème. Par contre, en octobre, nous avons dû fermer des unités de revalidation par manque de personnel.""La pénurie de personnel est nettement plus criante aujourd'hui que durant la première vague. Il est fatigué. Des travailleurs sont malades ou en quarantaine. En outre, nous remarquons que la population pointe du doigt les "méchants" docteurs ou infirmiers qui veulent des mesures fortes alors que des "bons" docteurs et experts, présents dans les médias, disent que tout va bien", renchérit le Dr Manfredi Ventura, directeur médical du Grand hôpital de Charleroi (GHDC) et président de l'Association francophone des médecins-chefs. "Nous commençons tout de même à être inquiets par rapport aux EPI parce que la consommation de ce matériel est affolante. Certains hôpitaux doivent faire face à des problèmes pour se fournir de l'oxygène. Nous consommons quatre fois plus d'oxygène qu'en temps normal. Le maintien des soins non-Covid a été difficile à gérer il y a quelques jours parce que les patients ne comprennent pas toujours que nous devons limiter le nombre de personnes qui se présentent aux consultations. Nous devons faire la police."