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En d'autres mots, il fallait idéalement démarrer au plus tôt la kiné respiratoire, les mobilisations (pour éviter les raideurs) et la gymnastique curative contre l'atrophie, le TVP et le déconditionnement. De quoi assurer un retour plus rapide du patient chez lui et un fonctionnement autonome. Dès le début de cette crise, les services de revalidation ont offert leur soutien aux soins intensifs et aux départements Covid. Des services spécifiques de revalidation ont même été créés pour l'occasion. Les symptômes aigus qui découlent du coronavirus sont plutôt de nature respiratoire, mais dans une deuxième phase, ils peuvent s'étendre à tous le corps : faiblesse musculaire généralisée acquise en réanimation ( intensive care unit acquired weakness), mais aussi polyneuropathie de réanimation, myopathie, déconditionnement prononcé et fatigue. Chez de nombreux patients, il est également question de dysfonctionnement psychique et cognitif. Difficile à l'heure actuelle d'évaluer précisément l'impact psychique de ces troubles parfois très aigus sur la reprise des activités quotidiennes et du travail sur le long terme. Il est toutefois crucial d'accompagner au maximum les patients au cours de cette prochaine phase. La revalidation pourrait jouer ici un rôle de premier plan. Notre expérience en la matière nous a appris que les patients atteints de pathologies diverses caractérisées majoritairement par un dysfonctionnement et un déconditionnement importants (troubles neurologiques graves, cancer, etc.) pouvaient eux-mêmes oeuvrer à leur traitement, moyennant un encadrement adapté. L'optimisme est ici permis. Le Covid-19 nous rappelle, une fois de plus, qu'une collaboration étroite constitue la clé pour des soins de qualité. Le traitement de ce virus requiert la concertation entre de nombreux spécialistes (infectiologues, intensivistes, pneumologues, gériatres, neurologues et spécialistes de la revalidation). Compte-tenu des conséquences psychiques, physiques, mais aussi fonctionnelles, une approche pluridisciplinaire s'impose (kiné, ergo, psy, travailleurs sociaux) pour soutenir et accompagner le patient Covid vers l'autonomie. Les besoins de revalidation des patients Covid sont nouveaux, multiples et vraisemblablement à long terme. De plus, la revalidation nécessaire requiert une toute autre approche. Le travail à la maison peut être appuyé par des consultations vidéo ; des salles d'exercice doivent être entièrement réaffectées. Il faut en outre du matériel de protection à usage personnel et une séparation stricte entre les patients. De quoi rendre le travail de revalidation encore plus intensif. Le coût de l'inaction est ici plus grand que celui de l'action. La revalidation offre donc davantage de plus-value pour le patient et son entourage. Les services de revalidation doivent également fonctionner avec la nomenclature disponible, celle-là même qui, pour certains besoins importants, reste clairement sous-financée. Dans les circonstances actuelles, ces manquements continueront à creuser le déficit des services de revalidation. Pourtant, nous n'avons pas attendu les politiques pour lancer les soins de revalidation nécessaires. Ce qui ne veut pas dire que les spécialistes de la médecine physique et de réadaptation (MPR) n'attendent pas des autorités qu'elles accordent une prime temporaire de revalidation Covid. De nombreux prestataires de soins donnent ici le meilleur d'eux-mêmes, tant sur le plan de la prise en charge continue du patient que dans l'exécution d'activités inhabituelles et la réorganisation permanente des services. De plus, la reprise risque de se voir à nouveau court-circuitée par de nouvelles vagues de la maladie. Il est d'ailleurs essentiel que le prestataire de soins prenne aussi soin de lui-même, et ce tant à titre préventif, mais aussi curatif, de sorte qu'il/elle puisse survivre au Covid et poursuivre son soutien aux patients. L'exercice régulier, une nourriture saine et un sommeil suffisant sont ici cruciaux. A cette fin, la plupart des hôpitaux ont mis en place des programmes d'exercice. Psychologues, médecins sportifs et de revalidation apportent ici leur soutien aux prestataires de soins. Plus que jamais, la crise actuelle provoque une prise de conscience au sein des collègues de la discipline MPR quant à la nécessité de collaboration. Celle-ci permet non seulement une politique de revalidation plus qualitative, mais aussi plus uniforme. De surcroît, la coupole MPR constitue une forme unique de collaboration entre l'association professionnelle (GBS-MPR), le conseil mono-spécialisé (ABSYM-MPR) et l'association scientifique (SRBMPR). L'organe coupole MPR organise régulièrement des vidéoconférences.