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Cinq trajets, autant de voyages - mentaux, physique, les deux à la fois... voire mortels - menés à vive à allure par la plume alerte, rythmée, qui fait défiler paysages, personnages et pensées, de Frank Andriat. La première nouvelle se moque de la suffisance, la goujaterie et l'égotisme d'un écrivain célébré en route parmi de modestes collègues vers un salon de province et pas de Provence. Le deuxième récit est celui d'un amoureux qui déraille à force de faire barrière à la tragédie du passé ; celui qui suit campe une collégienne qui refuse d'être complice du racisme ordinaire de ses congénères masculins. Un mâle (encore! ) rassuré et assurant s'imagine, dans la suivante, pouvoir indéfiniment emprunter sans heurts deux voies, et donc entretenir deux liaisons parallèles avant de terminer sans "voix". Enfin, la dernière voit le train ramener un couple vieillissant vers chez eux et le néant... Amour, désir, trahison, rencontre, lâcheté, suicide et mort, le microcosme du train se révèle un très sûr moyen de "transports" (pas qu'amoureux) pour l'écrivain qui fait de l'inertie propre au voyage en chemins de fer le pendant de celui, souvent mental, auquel s'en tiennent ces personnages jusqu'à soudain dérailler: à savoir sortir du train-train dans lequel ils s'étaient jusque-là laissé ballotter. Avec de la part du conducteur auteur, la capacité, sans cesse renouvelée, de nous emmener à bon train dans son récit vers une destination finale, jusqu'au dernier moment... inconnue.