...

Mai 40. Enrôlé dans l'armée belge, François d'Aygremont, noble ardennais pris dans la tourmente de la campagne des 18 jours, regagne Bruxelles, non sans avoir vaillamment combattu. Poète et barde lyrique connu sous le nom de Maugis dans l'Ancienne Religion, il fait partie d'une sorte de confrérie internationale qui se reconnaît malgré le conflit mondial, et prône un syncrétisme entre différentes croyances préchristique, qu'elles soient celtes, gréco-romaine voire indiennes. Proche du druidisme et des rituels celtiques, le jeune homme, orphelin de père, va traverser la Seconde Guerre et la mer d'Irlande, pour en mener une troisième, souterraine et beaucoup plus intérieure. Roman d'aventure et d'érudition paru en 2005 et réédité aujourd'hui, Maugis joue d'un ésotérisme qui rappelle les Rose-Croix (et Le nom de la rose, un peu), se révèle d'une facture "classique" par l'érudition dont l'auteur fait preuve, et d'un classicisme suranné dans le style. À le lire, on croit visionner un film des années cinquante sur la dernière guerre. Le héros par contre rappelle Alix par ses racines et son implication (à contrecoeur) avec les tenants de la pax germania. Hélas si le récit est épique, le roman manque de souffle, de rythme, renforcé par le style assez plat, ligne claire. Et puis le subterfuge des sept carnets retrouvés de Maugis relève du camouflage peu crédible chez Christopher Gérard, adorateur et disciple d'Ernst Jünger (comme Mitterrand qui le reçut à l'Elysée à l'occasion de ses cent ans), maître (écrivain) des batailles, cité en épigraphe. À l'image de son héros, le roman d'un enchanteur plein de savoirs et de pouvoirs... mais qui manque de séduction.