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En 2020, 3,5% des Belges (1) ont consommé au moins un antipsychotique, montrent les derniers chiffres de l'Atlas AIM. Si le nombre de patients reste un peu plus élevé en Région wallonne (3,8%), il n'a cessé de baisser ces dix dernières années, rejoignant presque la Flandre (3,4%), mais encore loin de Bruxelles (3,1%). Quelques disparités cependant au niveau provincial, puisque le Limbourg affiche la plus forte consommation (4,5%) du pays. La province flamande est talonnée par sa voisine Liège (4,3%), loin devant le Brabant wallon (2,6%). Les crises qui se succèdent depuis 2020, entraînant un climat anxiogène, changent-elles la donne? "Nous voyons effectivement dans ce rapport de l'AIM que les chiffres concernant la consommation (ou plus exactement la vente) d'antipsychotiques diminuent depuis plusieurs années en tout cas en Wallonie et à Bruxelles. Nous pouvons espérer que c'est lié à une meilleure connaissance des indications de ces traitements, mais d'autres hypothèses doivent être mentionnées: des difficultés financières qui empêchent certains usagers d'acheter les traitements prescrits, voire une moindre accessibilité aux consultations...", analyse le Dr Gérald Deschietere, médecin psychiatre spécialisé en psychiatrie d'urgence et de crise aux Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles). "Bien évidemment le climat actuel, entre crise climatique, guerre en Ukraine et coût de l'énergie, sans parler du Covid, altère le moral et l'humeur de bon nombre de personnes. Et donc oui, nous voyons des personnes qui sont probablement affectées par ces différents éléments. Ce qui est certain, c'est que le marasme ambiant ne doit pas être médicalisé ou même "médicamenté". Les médicaments, et a fortiori les antipsychotiques, c'est important de le rappeler, doivent être utilisés pour des personnes qui souffrent d'une affection psychiatrique, et pas pour un mal-être général." Des disparités entre hommes et femmes? Les premiers sont un peu plus nombreux parmi les 18-25 ans, et les secondes chez les 65+ (6,6% de femmes contre 4,7% d'hommes). "La plupart des troubles psychotiques, tels que la schizophrénie, apparaissent avant l'âge de 30 ans, mais de nombreuses années peuvent s'écouler avant le début d'un traitement", analyse l'AIM. "Cette tendance se reflète dans les nettes différences de consommation d'antipsychotiques en termes d'âge. En effet, parmi les personnes âgées de 18 à 25 ans, seulement 1,5% comptent au moins une délivrance d'un médicament antipsychotique en 2020, alors que ce taux passe du simple au double dans la catégorie d'âge des 26-64 ans." La durée de consommation de ce genre de traitement a aussi évolué, ces dix dernières années. Les consommateurs de longue durée (plus d'une année) sont aujourd'hui un peu plus nombreux (54,6%), en particulier chez les jeunes. Les patients qui prennent leur traitement moins de trois mois représentent près d'un tiers des consommateurs, contre près de 40% en 2010. Ce changement peut-il s'expliquer par une meilleure gestion des médecins ou une meilleure compliance des jeunes patients? "Ici, à nouveau, l'interprétation de ces chiffres doit être nuancée", reprend le Dr Deschietere. "Les antipsychotiques sont surtout utilisés, c'est leur meilleure indication, pour soulager et aider les personnes souffrants d'un trouble psychotique (schizophrénie, psychose hallucinatoire...). Dans le cadre de la prise en charge de ces troubles, si celui-ci est confirmé, il est habituel que le traitement se prenne au long cours. La question de la compliance - l'acceptation de la maladie et la prise d'un traitement - est souvent en questionnement pour ces personnes souffrant de troubles psychotiques. Le développement de traitements-dépôts (injections à longue durée d'action, NdlR) pour les antipsychotiques les plus récents aide aussi les personnes qui en ont besoin à prendre ce traitement et donc allonge théoriquement la durée de prise de traitement."