La discussion autour des numéros Inami bat son plein au niveau fédéral. Le gouvernement doit se pencher sur les quotas à accorder pour 2027 et sur le nombre de candidats supplémentaires autorisés pour 2021. Mais - c'est la ritournelle - le Nord et le Sud du pays ne sont pas sur la même longueur d'onde.
La lutte politique est, comme toujours, très polarisée autour de ce dossier. Côté flamand, on accepte de grossir les quotas Inami de 10% pour cette année côté francophone, si la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) accepte d'instaurer un concours à l'entrée des études de médecine. À l'inverse de l'examen d'entrée en place depuis 2017, ce concours ne laisserait qu'un nombre déterminé d'étudiants accéder à ces études, comme c'est déjà le cas en Flandre. Il faut dire que depuis l'instauration du filtre de 2017, la FWB forme plus de médecins qu'il y a de numéros Inami à disposition.
Côté francophone, l'ensemble des acteurs plaide, à l'aune de ce qu'a révélé la crise, pour ne pas instaurer ce concours d'entrée car la pénurie est trop importante.
"Il me paraît difficile d'envisager cette limite avant de disposer de tous les éléments nécessaires à une objectivation de nos besoins sur le terrain", commente Valérie Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur de la FWB. Dans la majorité, les députés Rodrigue Demeuse (Ecolo) et Joëlle Kampompole (PS) ont néanmoins tenu un discours bien plus ferme que la ministre libérale, le premier appelant à ne pas céder au "chantage du fédéral" et la seconde qualifiant "d'irrationnel" tout filtre à l'entrée aux études de médecine qui serait rendu à l'avenir plus contraignant.
Le Cium et la FEF contre le concours d'entrée
La Fédération des étudiants francophones (FEF) s'est également positionnée contre logique globale de restriction des numéros Inami. "Force est de constater, qu'après avoir vécu pendant 14 mois, et de plein fouet, la crise sanitaire, le gouvernement De Croo entend continuer la politique de restriction des numéros Inami et de désinvestissement des soins de santé par la mise en place d'un concours de sélection à l'entrée du cursus de médecine", regrette la fédération, qui demande aux autorités d'arrêter les débats communautaires et les chantages politiques et de repenser la planification du système de soins de santé afin de garantir à chaque citoyen un accès à des soins de qualité.
Le Comité inter-universitaire des étudiants en médecine (Cium) rejoint la FEF, estimant que "la leçon n'a pas été retenue" concernant le concours d'entrée en médecine. "Les chiffres du cadastre servant à déterminer les quotas Inami, basés uniquement sur l'offre de médecins, ne permettent en rien d'objectiver correctement le besoin en médecins et sous-estiment même ces besoins." Et d'insister. "Avec la pandémie actuelle, la lumière a été faite sur la pénurie de médecins et tout un chacun a pu prendre conscience de cet état de pénurie. Les conditions de travail difficiles des médecins assistants, rappelées au grand public par les différents mouvements de contestations du mois passé, vont également encore se détériorer avec la diminution du nombre de diplômés en médecine et l'augmentation de la charge de travail." Le Cium demande donc au gouvernement de revoir sa position sur le sujet et de tenir compte de la situation de terrain et la dégradation des soins de santé en Belgique.
Prise de position wallonne
Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé, pointe elle aussi la situation "préoccupante" de la moitié des communes wallonnes qui font face à la pénurie de médecins généralistes, pénurie qui touche également certaines spécialités. "La Communauté française a déjà rempli ses objectifs et a déjà organisé un filtre à l'entrée ou en fin de cursus de première année. Néanmoins, le constat est clair: on manque de médecins généralistes et de spécialistes en psychiatrie et en gériatrie." Le vieillissement de la population nécessitera, en plus, d'avoir des spécialistes en anatomie pathologique, en oncologie médicale, en rhumatologie et en biologie clinique. "La crise nous a montré le besoin de médecins dans de très nombreuses spécialités et de généralistes."
Pour la ministre, le Fédéral doit reconnaître que la situation est différente en Flandre et en Wallonie, où la pénurie est plus importante. À l'instar du Cium, elle estime que se baser sur le cadastre des numéros Inami n'est pas la bonne solution. "Ceux et celles qui ont un numéro Inami, mais offrent très peu de prestations parce qu'ils veulent garder leur numéro jusqu'à la fin de leur vie, n'exercent quasi plus et ne contribuent pas à alourdir le budget de la sécurité sociale. Il ne faut pas prendre le nombre total de numéros Inami, mais le nombre de prestations pour mieux prendre en compte le nombre de prestations réalisées par l'ensemble des médecins en Wallonie."
Cela tombe bien, puisque le Parlement de la FWB vient d'approuver un projet de décret instituant une commission chargée d'évaluer les besoins en médecins et dentistes à Bruxelles et en Wallonie, et de lutter contre la pénurie de l'offre médicale. Cette commission devra déterminer, par provinces, le nombre de médecins généralistes et de spécialistes ainsi que les dentistes nécessaires pour coller au mieux aux besoins de la population, un nombre minimal et maximal d'étudiants pouvant s'engager dans les différentes spécialisations, qu'il s'agisse de médecine générale, de pédiatrie, de gériatrie, qui sera ainsi déterminé en fonction des besoins locaux identifiés. "Avec ces données, nous espérons objectiver au près du Fédéral les besoins spécifiques en médecine afin de montrer que ce ne sont pas des privilèges que la Région demande au Fédéral, mais bien un besoin de la population afin de répondre à un suivi en termes de santé publique. Il s'agit de prendre en compte les besoins spécifiques et desserrer le contingentement de praticiens", conclut Christie Morreale, précisant que la Région wallonne n'a qu'une voix consultative dans cette commission .
La lutte politique est, comme toujours, très polarisée autour de ce dossier. Côté flamand, on accepte de grossir les quotas Inami de 10% pour cette année côté francophone, si la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) accepte d'instaurer un concours à l'entrée des études de médecine. À l'inverse de l'examen d'entrée en place depuis 2017, ce concours ne laisserait qu'un nombre déterminé d'étudiants accéder à ces études, comme c'est déjà le cas en Flandre. Il faut dire que depuis l'instauration du filtre de 2017, la FWB forme plus de médecins qu'il y a de numéros Inami à disposition. Côté francophone, l'ensemble des acteurs plaide, à l'aune de ce qu'a révélé la crise, pour ne pas instaurer ce concours d'entrée car la pénurie est trop importante. "Il me paraît difficile d'envisager cette limite avant de disposer de tous les éléments nécessaires à une objectivation de nos besoins sur le terrain", commente Valérie Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur de la FWB. Dans la majorité, les députés Rodrigue Demeuse (Ecolo) et Joëlle Kampompole (PS) ont néanmoins tenu un discours bien plus ferme que la ministre libérale, le premier appelant à ne pas céder au "chantage du fédéral" et la seconde qualifiant "d'irrationnel" tout filtre à l'entrée aux études de médecine qui serait rendu à l'avenir plus contraignant. La Fédération des étudiants francophones (FEF) s'est également positionnée contre logique globale de restriction des numéros Inami. "Force est de constater, qu'après avoir vécu pendant 14 mois, et de plein fouet, la crise sanitaire, le gouvernement De Croo entend continuer la politique de restriction des numéros Inami et de désinvestissement des soins de santé par la mise en place d'un concours de sélection à l'entrée du cursus de médecine", regrette la fédération, qui demande aux autorités d'arrêter les débats communautaires et les chantages politiques et de repenser la planification du système de soins de santé afin de garantir à chaque citoyen un accès à des soins de qualité. Le Comité inter-universitaire des étudiants en médecine (Cium) rejoint la FEF, estimant que "la leçon n'a pas été retenue" concernant le concours d'entrée en médecine. "Les chiffres du cadastre servant à déterminer les quotas Inami, basés uniquement sur l'offre de médecins, ne permettent en rien d'objectiver correctement le besoin en médecins et sous-estiment même ces besoins." Et d'insister. "Avec la pandémie actuelle, la lumière a été faite sur la pénurie de médecins et tout un chacun a pu prendre conscience de cet état de pénurie. Les conditions de travail difficiles des médecins assistants, rappelées au grand public par les différents mouvements de contestations du mois passé, vont également encore se détériorer avec la diminution du nombre de diplômés en médecine et l'augmentation de la charge de travail." Le Cium demande donc au gouvernement de revoir sa position sur le sujet et de tenir compte de la situation de terrain et la dégradation des soins de santé en Belgique. Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé, pointe elle aussi la situation "préoccupante" de la moitié des communes wallonnes qui font face à la pénurie de médecins généralistes, pénurie qui touche également certaines spécialités. "La Communauté française a déjà rempli ses objectifs et a déjà organisé un filtre à l'entrée ou en fin de cursus de première année. Néanmoins, le constat est clair: on manque de médecins généralistes et de spécialistes en psychiatrie et en gériatrie." Le vieillissement de la population nécessitera, en plus, d'avoir des spécialistes en anatomie pathologique, en oncologie médicale, en rhumatologie et en biologie clinique. "La crise nous a montré le besoin de médecins dans de très nombreuses spécialités et de généralistes."Pour la ministre, le Fédéral doit reconnaître que la situation est différente en Flandre et en Wallonie, où la pénurie est plus importante. À l'instar du Cium, elle estime que se baser sur le cadastre des numéros Inami n'est pas la bonne solution. "Ceux et celles qui ont un numéro Inami, mais offrent très peu de prestations parce qu'ils veulent garder leur numéro jusqu'à la fin de leur vie, n'exercent quasi plus et ne contribuent pas à alourdir le budget de la sécurité sociale. Il ne faut pas prendre le nombre total de numéros Inami, mais le nombre de prestations pour mieux prendre en compte le nombre de prestations réalisées par l'ensemble des médecins en Wallonie."Cela tombe bien, puisque le Parlement de la FWB vient d'approuver un projet de décret instituant une commission chargée d'évaluer les besoins en médecins et dentistes à Bruxelles et en Wallonie, et de lutter contre la pénurie de l'offre médicale. Cette commission devra déterminer, par provinces, le nombre de médecins généralistes et de spécialistes ainsi que les dentistes nécessaires pour coller au mieux aux besoins de la population, un nombre minimal et maximal d'étudiants pouvant s'engager dans les différentes spécialisations, qu'il s'agisse de médecine générale, de pédiatrie, de gériatrie, qui sera ainsi déterminé en fonction des besoins locaux identifiés. "Avec ces données, nous espérons objectiver au près du Fédéral les besoins spécifiques en médecine afin de montrer que ce ne sont pas des privilèges que la Région demande au Fédéral, mais bien un besoin de la population afin de répondre à un suivi en termes de santé publique. Il s'agit de prendre en compte les besoins spécifiques et desserrer le contingentement de praticiens", conclut Christie Morreale, précisant que la Région wallonne n'a qu'une voix consultative dans cette commission .