...

L e journal du Médecin : Comment se passe la fin de la pandémie ? Dr Marianne Michel chef du service de pédiatrie de la Clinique St-Pierre d'Ottignies: On tient le coup avec les systèmes qui fonctionnent actuellement. Car il y a très peu d'enfants malades ! Le printemps a été exceptionnel. Le confinement a évité les contagions. Les virus ont très peu circulé. Peu d'adultes ont souffert de virus autres que Covid. Heureusement car en pédiatrie, ce fut drastique. Les places restantes pour les enfants par exemple fébriles n'étaient pas nombreuses. Auparavant nous avions plusieurs plages de consultation sur la journée. Nous sommes donc amenés à tester les enfants suspects selon les directives Sciensano. Mais, je le répète : peu d'enfants sont malades. La problématique des enfants est particulière : peu d'enfants tombent malades du Covid, une infime partie en meurt... Néanmoins, peut-on dresser un bilan des effets secondaires du virus même sur les enfants asymptomatiques ? On parle d'atteintes aux voies respiratoires pour les adultes même peu touchés par la maladie elle-même... Concernant les dommages collatéraux, on n'est pas très inquiets sur le plan de l'agressivité de la maladie chez les enfants. A priori, on ne s'attend pas à des effets secondaires du type hyperréactivité bronchique ou poumons abimés. Par contre, les " dommages collatéraux " concernent davantage pour nous ceux qui font suite au confinement et aux reports de soins : appendicites qui nous arrivent perforées, déshydratations, dégâts sur le plan psycho-social, maltraitance, négligence, etc. Donc on parle bien de patients non-covid qui ont postposés les soins. Par contre il existe bien un registre de suivi pour les enfants testés covid qui étudie leur morbidité, le fait qu'ils aient été hospitalisés. Ces données sont enregistrées par les laboratoires mais pas encore publiables. Le but est de renforcer la 1ère ligne en fonction des données récoltées. Le confinement a pu avoir aussi des effets positifs... Le fait de se retrouver en famille... L'absence de pression, de stress professionnel... Absolument. Certaines familles ont réfléchi sur elles-mêmes. Certaines personnes se retrouvent... C'est en fonction des fragilités propres... Face à un bouleversement pareil il est intéressant d'analyser comment la cellule familiale s'est adaptée. Concernant le retour des enfants à l'école depuis plusieurs jours. Le délai est court mais avez-vous des retours d'information ? Comment cela se passe ? Les retours qu'on a en consultation des parents qu'on est amenés à revoir sont bons. Remarquons que beaucoup de parents n'ont pas remis leurs enfants à l'école. " à quoi bon les remettre à l'école pour quelques jours, cela ne vaut pas la peine ", entend-on. Globalement, les retours à l'école se passent bien dans la grande majorité des cas. On avait toutefois anticipé des problèmes avec le respect de la distanciation notamment. Les enfants, d'une manière générale, sont contents de retrouver leurs amis. Par contre, le retour des rythmes est plus problématique. Les enfants sont allés se coucher beaucoup plus tard. La question des troubles du sommeil pendant le confinement se pose également. Globalement, les pédiatres se sont-ils sentis écoutés dans leurs relations avec les autorités et Sciensano ? Plutôt. Il y a plusieurs chantiers en cours. On remet des avis. Mais le travail supplémentaire est considérable. Dans chaque groupe de travail, il y a minimum six pédiatres dont un infectiologue pédiatre, des pédopsychiatres, des représentants de l'ONE... Tous travaillent d'arrache-pied pour suivre la littérature et remettre des avis en temps utile. Globalement, cela fonctionne bien. C'est très large comme approche : médecine curative, préventive, centres de réadaptation pour enfants, protection de la jeunesse, maisons de répit, pouponnières... à chaque fois, c'est une mode de fonctionnement spécifique. La pédiatrie est une spécialité large si on englobe également la médecine scolaire, la coordination de la santé au niveau des camps de jeune, etc.